(La bande à) LAURA

(La bande à) LAURA vient coudoyer Olympia, un tableau peint par Édouard Manet en 1863. On connaît plus ou moins le scandale qu’il provoqua au Salon de 1865 à Paris, mais l’histoire de l’art s’est surtout attachée à décrire la figure allongée au premier plan – une certaine Victorine – et plus rarement celle qui tend un bouquet de fleurs à l’arrière du lit – une prénommée Laure, qui vivait 11 rue de Vintimille, près de la place Clichy, à 26 minutes à pied de l’atelier de Manet, 81 rue Guyot dans le 17e. Le regard frontal de la femme blanche a en effet produit plus de littérature que le geste de la femme noire. Même le chat et les fleurs ont été plus commentés.

Il s’agit, avec (La bande à) LAURA, d’inverser la tendance. C’est-à-dire : de produire un récit où Laure et Victorine sont nommées : d’inventer des images où les deux modèles sont à égalité non pas seulement vis à vis de l’autre, mais aussi vis à vis du peintre et de l’histoire de l’art – qui a consciencieusement laissé les femmes tomber.

Photo de couverture : LAURA ©Anne Dessertine