On va tout rendre

OVTR (ON VA TOUT RENDRE) permet de visiter l’Acropole et le British Museum sans bouger de son fauteuil de spectateur : on peut admirer les six cariatides soutenant le portique du temple d’Érechthéion  ; assister au démantèlement de l’une d’elles sur ordre de Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, capitale de l’Empire ottoman dont la Grèce fait partie, à la fin du 18siècle ; la suivre jusqu’à Londres où Elgin la vendit au gouvernement britannique, qui la vendit à son tour au British Museum où elle est toujours aujourd’hui, avec une bonne moitié des frises du Parthénon ;  mesurer combien l’idée du beau en Occident est encore collée à celui de l’idéal antique, et combien la Grèce est encore le berceau fantasmé de cet idéal – ce qui n’est pas sans poser au moins deux problèmes : en effet, n’est-il pas temps pour le « beau » de prendre le large, et pour l’Europe de soutenir le « berceau » qu’elle a fabriqué puis mis à la casse, tout en célébrant sa grandeur ?
OVTR débute donc sur une question réjouissante : et si on rendait tout ?

Photo de couverture : OVTR ©Danielle Voirin