« Et ne serait-il pas pensable, poursuivit Austerlitz, que nous ayons aussi des rendez-vous dans le passé, dans ce qui a été et qui est déjà en grande part effacé, et que nous allions retrouver des lieux et des personnes qui, au-delà du temps, d’une certaine manière, gardent un lien avec nous ? »
Extrait de Austerlitz, W.G. Sebald
Le projet de la prochaine création tient en une phrase : rendre possibles des rendez-vous avec le passé afin de mesurer la cohérence d’un présent – et d’une vie. C’est la quête du personnage nommé « Austerlitz » dans le roman éponyme de l’auteur allemand W. G. Sebald, qui arrive enfant en Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale, sans souvenirs – ni de son nom véritable, ni de sa famille.
On suivra cette forme – la possibilité de reconstruire une mémoire : un puzzle étrange qui mène d’un lieu à un autre, d’une personne à une autre ; une errance oblique, faite de digressions étranges et d’associations obscures.
Mais on ne suivra pas la mémoire à trous de Jacques Austerlitz : on ouvrira les nôtres dans une sorte de projet autobiographique à 7. Une errance oblique donc, avec des éléments biographiques à proprement parler, mais pas seulement : on tâchera de rendre visibles les connexions imaginaires avec des lieux et des personnes autres que ceux strictement familiaux.
En somme, nous prendrons rendez-vous avec d’autres que nous, qui sont le plus souvent morts : nous formons avec eux une constellation secrète dont les liens nous réchauffent, ou nous glacent. Il faudra faire avec.