Le spectacle reprend le titre du livre éponyme de l’auteur allemand W. G. Sebald. On ne suivra cependant pas l’enquête du personnage principal – dont le nom est Jacques Austerlitz – sur un passé dont il ignore tout, mais la forme de son errance : celle de sa mémoire défaillante dont les morceaux épars se recollent péniblement, par accidents et glissements, et que Sebald déplie en un puzzle étrange, constellé de photographies en noir et blanc. L’errance oblique d’Austerlitz, faite de digressions et d’associations obscures, est ici celle des sept personnes présentes sur scène : une sorte de projet autobiographique collectif constellé d’images d’archives (personnelles et générales), qui relie la cinéaste Agnès Varda à la danse post-moderne américaine, l’historien de l’art Aby Warburg aux danses serpentines de la danseuse Loïe Fuller, le chorégraphe Vaslav Nijinski au psychiatre Ludwig Binswanger, la colonisation à l’amnésie, la seconde guerre mondiale au punk allemand, etc. – autant de liens qui réchauffent ou glacent nos cœurs, et dont le récit (écrit et enregistré en voix off par Gaëlle Bourges) est ponctué de chansons composées pour l’occasion.
Réalisation Claire Ananos