Ce que tu vois

Ce que tu vois plonge dans la fameuse tapisserie de l’Apocalypse, qui déplie les visions d’un certain Jean au 1er siècle de notre ère, et qu’il a consignées dans un livre intitulé « Apocalypse de Jean ». Tout s’organise autour d’une révélation que Jean a dans une grotte, lors de son exil à Patmos : il entend Dieu lui dire que le bien triomphera du mal, qu’il faut donc tenir bon. Jean s’adresse à l’époque aux premières communautés chrétiennes martyrisées sous l’empire romain. Mais Ce que tu vois opère un saut dans le temps : comment comprendre les notions de « bien » et de « mal » aujourd’hui, et pourquoi faudrait-il tenir bon ? L’engouement actuel pour les catastrophes est une façon de se distraire de catastrophes qui ont déjà eu lieu – le désastre écologique, social, éthique de l’Occident n’en finit pas de finir. La fascination des homo sapiens contemporains pour les images de « fin des temps » est une façon d’attendre sans agir. Que dirait Jean aujourd’hui pour exhorter à l’action plutôt qu’à la passivité de l’attente ? Ce que tu vois propose quelques réponses à cette question, en convoquant en filigrane un autre récit, celui d’un film de science-fiction sorti en 1962 : « La Jetée », de Chris Marker. Dans l’un et l’autre, un programme, que l’on suivra à la lettre : décrire des images mentales assez fortes pour créer un trou dans le temps dans lequel agir ; insister sur le désaccord éthique qui nourrit les soulèvements actuels ; et inviter à lutter pour un vivre bien.